Les gilets jaunes, un symbole du combat nécessaire

Par André Bellon, Christian Celdran, Hugues Debotte, Pascal Geiger

Association pour une constituante

« Une rentrée sous surveillance. Les gilets jaunes défilent ce samedi à Paris pour tenter de donner un second souffle au mouvement ». Cette entame d’un journal télévisé de cette mi-journée du 12 septembre laissait croire à un exposé des raisons de la reprise de ce mouvement.

Que nenni ! L’intégralité de ce reportage, très anxiogène, fut exclusivement axé sur le ras-le-bol généralisé des commerçants, l’importance du dispositif policier depuis 2 ans et sur le nombre d’interpellations à la mi-journée.

Mais, rien sur ce qui poussait ces premiers de corvées à exprimer, toujours et encore, leur colère.

La crise sanitaire n’a, certes, pas changé la donne, mais offre à l’exécutif une nouvelle stratégie de gouvernement, relayée de manière panurgienne par des médias décérébrés.

La stratégie de la peur

D’abord, la peur de la contagion qui muselle le peuple, limite les contacts interpersonnels et masque l’impéritie de l’exécutif.

Celle de l’exclusion économique, ensuite, qu’induisent la fermeture d’entreprises et la mobilisation de mesures financières visant à accompagner leur activité partielle.

Enfin, celle du chaos politique si d’aventure le peuple se laissait, demain, séduire par des forces politiques d’extrême droite.

Mais, le défilé des gilets jaunes n’est pas un second souffle, même si la crise sanitaire et la canicule estivale ont ralenti considérablement le mouvement. Il s’inscrit dans la logique des manifestations qui ont suivi celui du 17 novembre 2018.

Car les gilets jaunes ne sont pas restés inactifs. De nombreuses initiatives ont eu lieu depuis le début de printemps.

Fin août, à l’initiative du collectif « Changer de Cap », un séminaire regroupant plusieurs collectifs et acteurs de terrain a permis d’échanger sur ces expériences locales attestant d’une réelle mobilisation porteuse d’espoir.

Ce séminaire, auquel participait l’Association Pour Une Constituante, a mis en avant la nécessité d’organiser l’action des gilets jaunes autour de 3 piliers interdépendants :

  • La poursuite du mouvement social et des luttes, la journée du 12 septembre est à ce titre la réponse aux médias dubitatifs,
  • La transformation des institutions et le retour de l’action publique,
  • La multiplication des alternatives locales qui transforment dès à présent la société. A ce titre, le collectif « Changer de Cap » s’emploie à recenser toutes ces initiatives afin de les faire connaître à l’ensemble des mouvements s’inscrivant dans la démarche des Gilets Jaunes.

L’Association Pour Une Constituante, dont la revendication première est d’imposer l’élection d’une Assemblée Constituante afin de permettre au peuple de reconquérir sa souveraineté, entend conduire, avec d’autres, le deuxième pilier.

Aussi, dès à présent, elle s’engage à mobiliser ses cercles locaux afin qu’ils organisent avec d’autres collectifs locaux des échanges portant sur ce thème.

En enclenchant cette dynamique de transformation des institutions, des États Généraux de la Constituante pourront être organisés si possible au cours du 1er semestre 2021.

Pour l’Association Pour Une Constituante, il ne s’agit pas de définir a priori le contenu d’une nouvelle constitution, ni d’accaparer la manière d’y parvenir. Il s’agit, pour elle, d’aider à cette transformation constitutionnelle avec tous les citoyens et leurs organisations qui souhaitent redonner au peuple l’usage de sa souveraineté.

Une réflexion sur “Les gilets jaunes, un symbole du combat nécessaire

  • 5 octobre 2020 à 17 h 06 min
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    Des Gilets Jaunes à une révolution démocratique

    André Bellon, Christian Celdran, Hugues Debotte, Pascal Geiger doivent être remerciés : au moins ne veulent-ils pas oublier, « relativiser » comme disent des spécialistes, « à gauche », des discours politiques pour l’entre-soi. Ah, si on pouvait faire comme si le mouvement des Gilets Jaunes allait s’estomper de nos mémoires, les discours convenus reprendraient leur place.
    Ils ont bien raison de vouloir donner son essor à un mouvement pour une constituante et l’abandon de la monarchie présidentielle de la 5e République. Certains, en fait, se contentent facilement de « faire écho », pour conserver un argument électoral. Ainsi, j’ai entendu récemment un militant, qui continue à se référer à des principes révolutionnaires, proposer que nous commencions par élire son candidat (« la troisième fois c’est la bonne et je suis le meilleur ! – tout un programme…»). Et la Constitution ? Et la constituante ?
    Le gentil agent électoral y avait pensé : une fois élue l’Assemblée, notre Président demandera aux députés de mettre en chantier un projet de constitution qui sera voté en 2024.
    Que les exigences autres fassent patience ! C’est ainsi que les augures des forces de gauche répondent, depuis des lustres, à l’Association pour la 6e République, à Paul Alliès et aussi à Dominique Rousseau (pour citer deux contributions parues sur ce site.
    Bien sûr, encore récemment, le taux des abstentions a contredit ces calculs politiciens. Et cela appelle donc de discuter des propositions avancées par l’Association Pour une constituante.
    Elle mobilise ses cercles locaux, souhaite des échanges. Veut préparer des États généraux de la Constituante afin de les organiser au printemps 2021 si possible, pour ensuite peser sur la préparation de l’échéance de 2022. Assorti du souhait « d’aider à cette transformation constitutionnelle avec tous les citoyens et leurs organisations qui souhaitent redonner au peuple l’usage de sa souveraineté ».
    Pleinement d’accord avec les buts, avec une option pratique, peut-être divergente… La voici, déjà exprimée sur ce site dans le texte Avançons, quittons la 5e République, soumise à nouveau au débat.
    Un sujet ne souffre aucun flou : « Un régime primo-ministériel, un Président de la République qui ne gouverne pas ». Tout renvoi de cette question nous enferme dans les calculs des spécialistes des petits complots de la 5e République… et pour les autres dans la passivité ou les rêveries d’insurrection. Nous devrions discuter d’un paquet suffisant pour amorcer le changement : le référendum d’initiative citoyenne, le droit de pétition, les assemblées citoyennes sont des sujets sur la table ». Si une gauche de lutte prétend se reconstituer, elle doit s’appuyer sur les demandes formulées par les Gilets Jaunes, dire son rejet du carcan de la 5e République, en faire un des éléments d’un Accord de législature, dont parle justement le texte de Tribune élaboré par les jeunes de diverses organisations de la gauche actuellement en cours de publication.
    Dans la 5e République, depuis au moins 1962, les forces politiques ont moulé promesses et polémiques sur le rôle « du Président ». Il serait inconséquent de ne pas opérer au plus tôt une clarification. Proposons une méthode afin que le plus grand nombre des « gens de la moyenne » soit force motrice et pas en attente de personnages providentiels.
    Un processus avec les « gens de la moyenne ». Dans le cadre d’un Accord, ou Pacte de législature, des réformes seront discutées, dans des Assemblées citoyennes locales et nationales, puis formulées et adoptées dans les cinq ans qui suivent. Cela implique évidemment un engagement collectif au moment de choisir une candidature pour l’élection présidentielle. La préparation des candidatures et la campagne elle-même sont de premiers pas du processus constituant. Il ne s’agit donc pas des « promesses » du ou de la candidate ! Ce Pacte de législature entre des député.e.s élu.e.s et un candidat à la présidentielle – dont les fonctions et les tâches seront redéfinies – constituera un des points forts de cette campagne avec les réformes d’un « bloc social et politique ».
    Bien sûr, cela implique des discussions unifiant les forces de la gauche d’émancipation sur une double conviction : durant la législature, il faudra développer un processus constituant et, selon les termes de Paul : l’écriture d’une nouvelle Constitution ne pourra pas rester confinée dans le cercle des « experts ».
    Quelles forces militantes sont en accord avec ces buts et peuvent, ensemble, en avancer la préparation ?

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